Fuyez ceux[1] qui vous humilient encore une fois

Non, les victimes de l’inceste ne chérissent pas leur position de victime. Non, nous ne sommes pas irrésistiblement attirés par la souffrance. Nous tenons cette dernière de ceux qui nous ont mis au monde et ont gravement failli à leur devoir de protecteurs et d’éducateurs. De ceux qui, à l’heure où chacun peut choisir ou non d’avoir un enfant, étaient supposés nous aimer, mais nous ont méticuleusement haïs.

Longtemps et malgré tout, nous les avons aimés jusqu’à en perdre la raison. Notre travail de détachement est immense, tant il est difficile d’admettre l’inconcevable.

Alors, je vous en prie, si vous rencontrez un de ces spécialistes des troubles et maladies psychiques qui vous admoneste, fuyez. N’écoutez pas celui qui vous accuse de complaisance, qui trouve que vous ressassez votre souffrance et vous rend responsable de votre malheur. Claquez la porte au nez de celui qui minimise la gravité du traumatisme vécu, sans jamais se prononcer sur les comportements abjects des salauds et des salaudes.

Dans Les Rudérales, j’ai cité nombre d’auteurs bienfaisants ; j’aimerais signaler ici un des ouvrages importants de Marie-France Hirigoyen[2].

Cherchez un psychiatre ou un psychanalyste, qui s’est frotté à la vraie vie et ne se contente pas de théorie. Cherchez des professionnels compétents qui ne manquent pas de respect à la victime réelle que vous êtes et ne vous humilie pas une fois de plus.

De cœur et de raison avec vous.

Hersilia Dessabines


[1] La forme épicène qui, selon Le Petit Robert de la langue française 2018, désigne aussi bien le féminin que le masculin, sera souvent choisie ici pour éviter d’alourdir le texte.[2] Marie-France Hirigoyen, Le harcèlement moral, La violence perverse au quotidien, Editions La Découverte et Syros, Paris, 1998